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47 – Sainte-Livrade-sur-Lot, CAFI – CAMP / EGLISE, BARAQUEMENTS,ALLEES, PLACE PAGODE

2. INT.JOUR – ÉGLISE DU CAFI
Une foule de fidèles chante dans une toute petite église grise en béton brut et au toit en tuile. La foule est en grande partie composée de femmes d’origine vietnamienne et d’enfants. (…)
A côté de la chaise vacante, JEANNE (14 ans), une jeune Eurasienne (franco-vietnamienne) à l’air contrarié, se gratte la peau sous son petit gilet blanc, en laine. Ses cheveux châtains clairs sont coiffés au millimètre près, attachés en chignon bien serré. La jeune fille est mal à l’aise dans ses habits de cérémonie.
Derrière, LINH (35 ans), sa mère, se penche vers elle.

LINH
Arrête. (…)


3. EXT.JOUR – DEVANT L’ÉGLISE
Le prêtre ouvre la porte de l’église : Jeanne sort la première, accrochée à Monique. Elles s’éloignent en éclatant de rire. 
De part et d’autre de l’église, on aperçoit des baraquements en béton gris et aux toits en tuiles (tout comme l’édifice religieux). Devant les portes d’entrée numérotées sont plantées des fleurs. (…)

 

4. EXT.JOUR – DEVANT LE BARAQUEMENT DE LINH
Le gilet de Jeanne est posé, mouillé, dans une bassine d’eau. Linh l’essore, puis l’étend sur un fil à linge, à l’extérieur de son baraquement.

ASSISTANTE SOCIALE
Bonjour Linh.

Linh se tourne vers l’ASSISTANTE SOCIALE (30 ANS), une jeune femme à l’air bienveillant. (…)


6. INT.JOUR – BARAQUEMENT DE LINH ET DE JEANNE
(…) Le baraquement est composé du strict minimum : une table, deux chaises, un lit deux places en ferraille, un poêle rouillé sur lequel boue une petite marmite.
Sur une unique commode sont posées diverses photos de famille en noir et blanc, ainsi que des fruits et de l’encens encadrant une croix en bois.
Linh s’approche de l’évier, mouille un gant.

LINH
Ferme et assieds-toi.

JEANNE
Nan, mais je me laverai après.

Linh lance un regard sévère à sa fille. Jeanne abdique : elle ferme la porte et vient s’asseoir sur un tabouret. (…)




7. INT. NUIT – BARAQUEMENT DE LINH ET DE JEANNE
Les lumières sont éteintes.
Allongée dans son lit, Jeanne a les yeux grands ouverts. Tout d’un coup, elle entend comme des pleurs très lointains. Jeanne lève la tête, à l’affût.
Tout en essayant de ne pas réveiller sa mère, Jeanne sort de son lit, puis se rapproche lentement de la fenêtre. Les pleurs semblent un peu plus proches. Jeanne écoute.

LINH
Qu’est-ce qu’il y a ? (…)

8. EXT. AUBE – DEVANT LE BARAQUEMENT DE LINH
Silence matinal.
Linh sort de son baraquement. Elle porte une robe de ville et a noué ses cheveux sous un petit foulard. Elle tient la petite valise. Jeanne sort et ferme la porte derrière elle.

9. EXT.AUBE – ALLÉE ENTRE LE BAT. Z ET L’ÉGLISE
Linh et Jeanne traversent le CAFI en direction de la sortie. Autour d’elles, le camp se réveille. On peut entendre des cliquetis de couverts, et des discussions à voix basses, des poules.

10. EXT.AUBE – PLACE PAGODE
Jeanne passe devant la mobylette garée devant un baraquement, puis s’éloigne d’elle et des bâtiments.

20. EXT. NUIT – FACADE BATIMENT Z
Jeanne et sa mère marchent le long de l’allée, en direction de leur baraquement. Tandis que Jeanne avance d’un pas décidé, Linh regarde tout autour d’elle. Elle semble découvrir l’endroit pour la première fois.
On entend les bruits de la campagne : un chien aboie au loin, les cigales chantent doucement.
Linh passe devant deux femmes assises à une petite table à l’extérieur, jouant aux cartes. Quand elles la voient, les femmes s’arrêtent de parler. (…)



22. INT. NUIT – BARAQUEMENT DE LINH ET DE JEANNE
Linh est assise devant la table dressée. Jeanne mange à côté d’elle en silence. Au bout d’un moment, elle lève la tête vers sa mère.


JEANNE
Mange, maman.

Linh observe ses mains. Son anneau est posé à côté de son bol.

LINH
Mes mains… moches, maintenant. Pas remarqué… (…)

23. INT. NUIT – BARAQUEMENT DE LINH ET DE JEANNE
Les lumières sont de nouveau éteintes. Le camp est calme, endormi.
Jeanne se retourne dans son lit. Lentement, elle se réveille et se rend compte qu’elle est seule dans la pièce. La porte d’entrée est entrebâillée.


JEANNE
Maman ?

Jeanne se lève et traverse la pièce. Hésitante, elle ouvre la porte et sort.

26. EXT. NUIT – DEVANT L’ ÉGLISE PUIS ALLÉE EGLISE-ARAC

Le vent souffle fort. Jeanne marche devant le fronton de l’église.
Soudain, elle entend des bruits de pas sur le gravier. Prudemment, elle avance, contourne l’église, et s’engouffre dans l’allée en direction des pas.
À la fin de l’allée, Linh longe le baraquement, lentement. Elle est vêtue d’une robe de chambre blanche.

JEANNE
Maman !!!

Jeanne crie, mais Linh, perdue dans ses pensées, ne semble pas l’entendre. Elle continue son chemin sans se retourner vers sa fille, comme si elle était ailleurs, bloquée dans un autre temps.
Avec sa robe éclatante sous la lune, sa démarche lente et ses cheveux défaits par le vent hurlant, on dirait un fantôme.

30. EXT. JOUR – DEVANT BARAQUEMENT DE LINH ET DE JEANNE
Jeanne s’approche de son baraquement. Elle découvre sa mère, assise sur les marches du perron, son chapeau conique accroché à son cou. Un sac de haricots est posé à côté d’elle.
Jeanne vient s’asseoir à côté de sa mère : elle pose sa tête contre le mur en béton. Une poule passse devant elle. Elle la prend dans ses bras.
Linh regarde la poutre sur le perron de sa porte. La peinture vert-clair est écaillée.

LINH
Peinture, pas belle. Repeindre. (…)

La mère et la fille observent leur maison, recherchant des détails à modifier.
En face d’elles, une grand-mère traine un vélo avec des herbes aromatiques. Des enfants jouent au ballon. Les cloches de l’église sonnent.